Anthropométrie de l’époque bleue, Yves Klein, 1960
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"Anthropométrie" est le terme inventé par Pierre Restany (anthropo, du grec anthropos : homme, et métrie : mesure) pour nommer ce que Klein désignait comme "la technique des pinceaux vivants". Et c’est bien une mesure du vivant que l’artiste veut communiquer et met au point en 1960.
Les Anthropométries sont le résultat de performances réalisées en public avec des modèles dont les corps enduits de peinture viennent s’appliquer sur le support pictural. Avec cette technique, Klein propose un retour à la figure, mais dans un espace pictural où l’illusion de la troisième dimension disparaît au profit d’une peinture qu’il appelle "première", où se confondent sujet, objet et médium, et qui est la trace littérale d’une présence du modèle sur le tableau. Cette technique par contact est à rapprocher de celles des Cosmogonies, des Moulages (effectués sur la végétation ou les corps) et des photographies réalisés par Klein entre 1960 et 1962 : "Le tableau n’est que le témoin, la plaque sensible qui a vu ce qui s’est passé. La couleur à l’état chimique, que tous les peintres emploient, est le meilleur médium capable d’être impressionné par l’événement". Si les Anthropométries révèlent le beau à partir d’une captation du monde (celle de la présence du modèle), leurs mises en scène participent elles aussi de la conception que Klein se faisait de l’art : faire advenir dans le moment vécu, par la surprise et la provocation, une sensibilité nouvelle. Anthropométrie de l’époque bleue a été réalisée sous forme d’une performance en 1960 à la Galerie internationale d’Art contemporain. |